Ballade superficielle
S'il faut répondre aux Canons esthétiques
Du Kouros grec ou de cet Apollon
Dont on voudrait les Caractéristiques
Plus proches de celles de l'Étalon
Que du Profil épuré du Melon ;
S'il faut au Ventre un profond Quadrillage
Et des Biceps explosant l'Habillage,
Le Torse en V, le Poitrail carrelé ;
Si le Cliché vous provoque au Mouillage,
Je ne suis pas grand, beau, fort, ni musclé.
Le Haricot sans Courbes artistiques
Est mon pareil, l'Asperge, c'est selon,
L'est tout autant railleraient les Caustiques ;
Que l'on ajoute au dernier Échelon :
Des deux Côtés l'Oreille en Gonfalon,
Un Nez tordu surmontant le Sillage
D'une Balafre enrhumant au Brouillage,
À l'Avenant le Reste modelé ;
La Vérité sans aucun Verrouillage :
Je ne suis pas grand, beau, fort, ni musclé.
Souvent je rêve, en des Songes mythiques,
D'être Champion mondial du Décathlon,
Tombeur mondain de Femmes en Moustiques
Me harcelant - leurs Formes en Violon
Me chériraient à dresser le Stolon.-
Je serais Maître ès Art du Babillage
Vide et pourtant qui mène à l'Effeuillage
La Demoiselle au Crâne écervelé ;
Oui mais voilà, je n'ai pas l'Outillage :
Je ne suis pas grand, beau, fort, ni musclé.
Envoi :
À celle qui, lisant ce Gribouillage,
Verrait l'Esprit plus que l'Enfantillage
Dans ces Dizains au Vers lancéolé,
Qu'importe si, par mon Estampillage,
Je ne suis pas grand, beau, fort, ni musclé.