Sur le buste de la reine Néfertiti au Neues Museum de Berlin

Grande Épouse hiératique, Hérétique comblée,
Quel Secret dort encore en tes Temples éteints ?
Qu'importe, le Savant, les Milliers indistincts
Sur ce haut Piédestal te vénèrent d'Emblée.

Trois mille trois cents Ans, Souveraine ensablée,
Ce Vertige indicible étourdit nos Destins,
Toi, la Beauté solaire en ces Âges lointains,
Moi, l'Inconnu de plus parmi cette Assemblée.

Mais tant d'Indifférence à nous qui t'admirons...
Quel Songe intransigeant pare tes Yeux vairons,
Cet Œil qui se souvient, cette Orbite qui rêve ?

Dans ton Regard inachevé, Néfertiti,
Où le Nil éternel meurt et renait sans Trêve,
Quelque Chose du Temps s'est à jamais serti.

Buste de la reine Néfertiti au Neues Museum de Berlin

Comments

[MSD]

Je trouve que c'est votre plus beau poème. Vous y atteignez une grande perfection de forme, et le fond est magnifique.
Je veux vous remercier pour votre blog. Grâce à lui, j'ai pu comprendre chaque jour un peu plus à quel point la versification française est plus complexe que ce qu'on laisse croire au lycée... ce qui a parfois été démoralisant, mais toujours payant sur le long terme. J'y ai découvert T. de Banville et je m'efforce d'appliquer ses principes. J'espère que vous continuerez longtemps à écrire sur ce blog.

[Darius Hyperion]

Cela fait très longtemps que je suis en panne d'inspiration. En tous cas merci pour votre passage et votre commentaire.

[Pierre]

Sublime beauté !
3300 ans plus tard, des hommes cherchent encore à entrer dans sa chambre !
Peu de femmes peuvent en dire autant.
Amicalement,
Pierre.

[Darius Hyperion]

Néfertiti, une cougar ?
Merci